Have you ever thought of learning an African language or, if you’re African, another one? At last year’s Polyglot Gathering I met French international voluntary exchange association employee and podcaster Julia Martin and I was thrilled when she agreed to share her story about how she came to learn Swahili. It’s a fascinating language, widespread in east Africa and, as we’ll see. Swahili has a rich culture and many of Julia’s insights will help and inspire you, whatever language you’re learning. Let the conversation commence – en français!
Dr P: Quand et comment as-tu appris le Swahili?
JM: J’ai commencé le swahili en septembre 2017 lorsque je suis partie pour la Tanzanie. Mais en fait si je veux être complètement honnête, j’ai du commencer à l’âge de 7 ans… Car à partir du moment où on a vu le film « Le Roi lion » on parle déjà tous un peu Swahili… sans le savoir! Car quelle ne fut pas ma surprise en arrivant en Tanzanie de découvrir que Simba signifie Lion, Rafiki : Ami ou encore Pumba : phacochère!
Lorsque je suis arrivée dans ma famille d’accueil Tanzanienne dans le sud de Dar-es-Salam avec chez qui j’allais être hébergée pendant mes 3 semaines de volontariat, j’ai tout de suite commencé à pratiquer.
En effet, l’une des nièces de cette famille ne parlait que Swahili et pas anglais car dans l’école où elle était allée enfant, il n’y avait pas de professeur d’anglais. Nous préparions souvent les repas ensemble le soir et donc c’était l’occasion d’apprendre les premiers mots : chakula (repas); kula (manger); samaki (poisson); maji ( eau ) etc… et surtout d’apprendre des techniques de cuisine comme la cuisson sur le charbon de bois…mais je m’égare.

Donc on va dire que mon apprentissage du Swahili a vraiment commencé par cette immersion en Tanzanie et je suis assez contente car c’est le pays qui est réputé pour avoir le Swahili le plus pur parmi les pays où cette langue est parlée ( Kenya – Burundi – une partie du Congo – une partie de l’Ouganda ).
Ce qui m’a beaucoup aidé au début c’est tout simplement le lexique du guide touristique Le petit Futé que j’avais emporté. Avec les bases pour saluer quelqu’un : jambo (bonjour); kwaheri (au revoir); asante (merci) ; tafadahli (s’il vous plait); samahni /pole (sorry) et s’exprimer sur les sujets courants avec des phrases « clé en main » dont on n’a pas besoin de connaître la grammaire mais juste à les répéter par coeur : nime choka (je suis fatiguée).
Donc j’ai pu observer déjà certaines structures de phrases: jina langu ni Julia (je m’appelle Julia) à traduire littéralement par: nom mon est Julia puis j’ai compris que « ni » correspondait au verbe « être » et qu’au présent on l’emploie uniquement sous sa forme « ni » à toutes les personnes : trop simple quoi!

Dr P: Mais l’Anglais est très repandue en Tanzanie, n’est-ce pas?
JM: Oui. Ce qui est compliqué c’est que la majeure partie des personnes sont bilingues en anglais donc à tout moment on peut passer d’une langue à l’autre et donc c’est très tentant de parler tout le temps en anglais pour « aller plus vite » et puis en tant que francophone, parler anglais est aussi agréable pour moi, c’est une autre langue donc c’est aussi un défi pour moi de l’améliorer.
Et en Tanzanie, l’Anglais est la seconde langue officielle avec le Swahili et la majeure partie des panneaux et autres indications dans la rue sont dans les 2 langues donc on a tendance à se concentrer sur l’Anglais…
Car quand je suis arrivée en Tanzanie j’avais tellement de choses à découvrir et je m’émerveillais chaque jour de mille détails, les couleurs des vêtements, prendre les dala-dala ces « minibus » privés qui vous emmènent un peu partout pour quelques shillings mais dont le fonctionnement vous échappe pendant très longtemps (il n’y a pas d’arrêt visible donc à moins d’être avec un Tanzanien qui vous dit que l’arrêt se trouve à tel endroit, aucune chance de trouver par vous-même!).
L’apprentissage du Swahili était vraiment secondaire pour moi et se faisait sans que j’y prête vraiment attention.
La grande force de la Tanzanie c’est d’avoir de nombreux chanteurs qui chantent en Swahili et cela permet vraiment d’entendre cette langue souvent car la musique est vraiment présente tout le temps et partout.
Dr P: Quels sont les ressources que tu recommandes pour apprendre la langue Swahili?
JM: Au bout d’un moment, écouter les autres parler en Swahili et lire le lexique du Guide touristique n’est plus très efficace, on se sent stagner. De mon côté, j’ai eu la chance de rencontrer une Kenyane lorsque j’ai séjourné à Zanzibar, qui est devenue mon amie. Elle m’a invitée à venir lui rendre visite au Kenya et en 2018 je me suis déjà rendue 3 fois au Kenya pour 15 jours, 1 mois et actuellement 1 mois et demi.
Au Kenya j’ai rencontré mon compagnon qui est Kenyan et avec lequel je parle la plupart du temps en anglais. Néanmoins, comme il vit dans un quartier très populaire, un ghetto ou un bidonville comme les gens ici le décrivent, la plupart des interactions avec les personnes du quartier se font en Swahili, l’anglais étant maîtrisé mais considéré comme la langue d’interaction principalement des classes aisées.
Je partage désormais ma vie depuis début 2018 entre le Kenya et la France et quand je suis au Kenya j’accrois donc très vite mon vocabulaire et je demande souvent à mon compagnon de traduire ou bien des précisions quand je ne comprends pas un usage de certains mots.
Le souci c’est que le swahili parlé au Kenya est qualifié de « sheng » c’est-à-dire « un argot basé sur le swahili et l’anglais, originaire de Nairobi et influencé par de nombreuses langues locales qui y sont parlées » et n’est pas le « beau et pur Swahili de Tanzanie ».

Néanmoins il existe de nombreuses formes parlées qui sont du « Swahili courant » que tout le monde peut comprendre.
Pour m’aider et soulager mon compagnon de mes perpétuelles questions, je m’aide de l’application Duolingo qui est utile pour l’écrit et pour également accroître mon vocabulaire.
J’ai aussi un petit dictionnaire bilingue anglais-swahili pour aller plus loin et avoir des conseils et des points de grammaire ( comment former le pluriel / comment conjuguer tel verbe / etc…)
Dr P: Le Swahili est une langue de la famille bantou qui n’a aucun lien avec les langues indo-européennes. De fait, est-ce plus difficile de l’apprendre en tant qu’européenne par rapport à un langue indo-européenne ?
JM Oui et non !
“Oui!” car il faut repenser la syntaxe entièrement et la manière de penser. Une langue est toujours intrinsèquement marquée par la culture, aussi il y a des mots qui n’existent pas dans certaines langues et donc quand on essaie d’exprimer une pensée et qu’on nous dit qu’on ne peut pas le faire de la manière dont on aimerait dans l’autre langue c’est très déstabilisant.
Il n’y a pas de genre en Swahili et il y a certains mots qui n’ont pas de pluriel…ça fait bizarre parfois!
De plus, le Swahili est actuellement très marqué par les apports de l’anglais. Je me rappelle récemment une discussion avec mon compagnon qui a éternué et je lui ai demandé comment traduire « éternuer ». Il me dit « Una sneeze » qui veut dire « Tu éternues » avec « Una » en Swahili et « Sneeze » en anglais et devant mon air perplexe il m’explique que souvent ils mélangent les 2 langues au quotidien.
“Non!” car nous avons la chance de partager le même alphabet ce qui aide énormément pour la lecture et l’écriture bien sûr.
Et il y a des langues pratiquées en Europe qui sont réputées très difficiles comme le Finnois (ou Finlandais je ne sais jamais ce qu’il faut dire) ou le Hongrois. Donc à ce niveau là j’ai presque moins peur d’apprendre le Swahili que le Hongrois!
De plus, de nombreux mots sont hérités de l’arabe (comme en français) aussi si on a quelques bases en arabe, on peut facilement reconnaître certains mots ou tournures. Lala salama (bonne nuit) qu’on peut traduire mot à mot par « Dors en paix » dans lequel on reconnaît « salama » la paix en arabe.
Dr P: Quels sont les aspects les plus faciles et les plus difficiles de l’apprentissage de cette langue pour un francophone selon toi?
Comme la culture Kenyane et Tanzanienne sont complètement imprégnées de l’influence de l’anglais suite à la colonisation et malgré leur indépendance depuis une cinquantaine d’année, je pense qu’un francophone qui parle aussi anglais aura plus de facilité pour comprendre comment les 2 langues et les 2 cultures s’entremêlent.
La plupart du temps, les Kenyans ne se présentent qu’avec leur « English » name et il faut creuser et leur demander leur « African name », souvent un prénom tribal selon qu’ils appartiennent à telle ou telle éthnie (Kikuyu, Luo, Luya… ).
De fait, nous avons une langue commune pour échanger qui est l’anglais donc il est plus facile aussi pour eux de traduire en Swahili si j’ai envie d’en savoir plus. Il est difficile d’échapper à l’anglais!
Comme pour toute langue, il faut selon moi varier les supports et essayer de passer du temps dans un pays où cette langue est parlée.

Aussi – chose difficile pour un francophone: OSER s’exprimer dans cette langue, quitte à faire des erreurs, ce qui est culturellement selon moi compliqué à admettre pour un francophone qui a très peur d’être jugé et qui, s’il est de ma génération né avant les années 2000, est encore très marqué par un système éducatif où l’erreur est pénalisée et où l’oral est une grande source d’anxiété et peu pratiqué à l’école!)
Dr P: Est-ce que les gens sont heureux de pratiquer le Swahili avec toi ?
JM: Je sens une véritable joie chez certaines personnes de voir que « j’essaie » avec plus ou moins de succès néanmoins, de pratiquer le plus possible. Sans doute aussi parce que je suis Blanche, les gens sont surpris de voir que je fais l’effort de parler Swahili car tout le monde sait que l’anglais suffit amplement et que la plupart des expatriés ne se donnent pas la peine d’aller plus loin que les bases.
Les personnes les plus heureuses et les plus aidantes sont… les enfants! Merci à Kimberley, Kingsley, Essi et Jian, mes petits voisins avec qui j’arrive à avoir de véritables mini-conversations.
J’ai apporté un jeu de cartes (le Dobble qui fonctionne avec des symboles et des images à identifier) et donc c’est un peu ma stratégie pour pouvoir échanger avec eux. « Venez, on va jouer. Tu veux jouer avec moi ? Viens t’asseoir près de moi ». « Kuja, cheza. Unacheza na mimi? Karibu na mimi »
Si je m’approchais un peu trop dans la cuisine du gaz de la maman de Essi qui a 2ans et demi, elle me disait « Mama yangu » en gros… « C’est à maman » … Alors je lui répondais « Najua » : Je sais. Pour éviter de créer un incident diplomatique!
Ou encore quand Kimberley voulait prendre mes cartes, je répondais « Cards yangu » : mes cartes et en lui désignant ses cartes : « Cards yako », tes cartes.
Donc les enfants m’ont appris beaucoup de vocabulaire malgré eux.

Dr P: Encouragerais-tu d’autres personnes à apprendre le Swahili ou une autre langue africaine ? Et quels sont les conseils que tu donnerais pour réussir?
JM Bien sûr, c’est vraiment une très belle langue et au-delà de sa sonorité, elle revêt un caractère politique que je trouve particulièrement beau. On m’a expliqué que c’était en quelque sorte la langue de la paix en Afrique de l’Est. Elle donne aux 120 tribus/ethnies de Tanzanie et aux 44 Kenyanes (on dit « tribes » en anglais ici mais je crois qu’en français on traduit par ethnie) une langue commune qui dépasse les conflits tribaux et permet de se comprendre et de travailler et échanger ensemble.
De plus, il faut vraiment venir danser en Tanzanie ou au Kenya sur les sons en Swahili, majoritairement des chansons romantiques pop dont sont vraiment très friands les gens ici et qui changent avec l’overdose de sons en anglais partout dans le monde.
Pour véritablement réussir à maîtriser cette langue, je pense que cela prend vraiment du temps et un engagement quotidien.
Une véritable motivation est nécessaire dans le sens, pourquoi est-ce j’apprends cette langue ? Le plaisir peut tout à fait être une source de motivation mais alors il faut être honnête avoir soi-même sur ses intentions et se le dire : j’apprends pour le plaisir comme si je tricotais ou si je m’exerçais à la guitare. J’essaie d’apprendre l’espagnol mais comme je n’ai pas prévu d’aller vivre dans un pays hispanophone ou que mon travail ne requiert pas la maitrise de cette langue, je n’ai pas de réel enjeu et donc je ne m’y consacre pas assez. En revanche pour le Swahili, je commence de plus en plus à vouloir aller plus loin, pour pouvoir aussi davantage communiquer dans sa langue avec mon compagnon, et aussi parce qu’il va venir en France vivre avec moi et donc qu’il va apprendre le français. En terme d’échange interculturel et d’égalité, je trouve cela important que moi aussi je fasse cet effort.
De plus, nous commençons déjà à parler d’avoir des enfants et la question du bilinguisme et donc très présente, c’est un autre débat mais que je trouve vraiment très intéressant sur la manière d’élever des enfants avec plusieurs langues dès leur naissance.
Je ne peux pas inviter toutes les personnes qui souhaitent apprendre le Swahili à trouver un partenaire amoureux qui parle cette langue mais ce que je peux dire c’est que c’est un moteur fascinant pour progresser!
Merci Julia! Are you learning Swahili or, for that matter, another African language? Why did you choose it and what’s your experience been so far? Let me know in the comments below.

Leave a Reply